Qu'est-ce que dormir ?
Une petite histoire à dormir debout
Dans la mythologie grecque, Hypnos est le dieu du sommeil. Il est le fils de Nyx déesse primordiale de la nuit et le frère jumeau de Thanatos personnification de la mort.
Hypnos est le gardien de la nuit car lui seul reste éveillé. Héra lui demande même d'endormir son époux, Zeus le tout puissant. Elle nomme Hypnos "Maître des hommes et des dieux" puisqu'il a le pouvoir de tous les endormir même le dieu Océan.
On reconnait Hypnos grâce à ses attributs : des fleurs de pavot soporifiques dans la main et une paire d'ailes qui lui permettent de se déplacer rapidement d'un bout à l'autre de la Terre. Il demeure avec son frère dans une caverne obscure sur l'île de Lemnos, au bord du fleuve Léthé nommé également fleuve de l'oubli.
Hypnos est le père d'un millier d'enfants. Dans certains mythes, Morphée, divinité des rêves prophétiques, serait un enfant qu'Hypnos aurait eu avec Nyx, sa propre mère ! Dans d'autres mythes, Morphée aurait été auto-engendré par Nyx la déesse de la nuit. Pour endormir les mortels, Morphée prend la forme des êtres qu'ils chérissent. Puis il les effleure avec des fleurs de pavot. Alors qu'ils rêvent, il leur suggère ses prémonitions.
Définition du sommeil :
Le sommeil est l'état opposé de l'éveil. C'est un état physiologique complexe contrôlé par le cerveau. Pendant cette période de repos, on constate une réduction de notre conscience du monde extérieur sans qu'il y ait une perte de sensibilité sensorielle comme dans le coma. Ce processus dépend de facteurs internes et externes. L'alternance jour/nuit induit des changements hormonaux mais aussi au niveau des neurotransmetteurs. Ainsi, lorsque la nuit tombe et que la lumière baisse, l'hormone qui favorise l'endormissement, la mélatonine, est secrétée en plus grande quantité par l'épiphyse. Par la-même, nous pouvons comprendre que les écrans soient contre indiqués puisque la lumière qu'ils diffusent empêchent la sécrétion de cette hormone du sommeil qui se libère en l'absence de lumière.
A quoi sert le sommeil ?
Communément l'on dit que le sommeil est réparateur. En effet, le sommeil permet de reposer le corps, favorise l'immunité avec la sécrétion d'hormones et
la régénération des cellules. C'est également pendant le sommeil que l'hormone de croissance est secrétée. De multiples fonctions du sommeil restent
encore à découvrir mais il interviendrait dans les apprentissages et les processus de mémorisation (traitement des informations et assimilation). De plus, dormir
suffisamment permet de mobiliser son attention dans les tâches quotidiennes. Enfin, le sommeil influe sur notre humeur. Un manque accentué de sommeil et la
fatigue engendrée qui s'accumule peut même induire un état dépressif.
Le cycle du sommeil et ses quatre phases :
Un cycle de sommeil comprend quatre phases qui ont chacune un rôle spécifique. Une nuit comporte 4 à 6 cycles qui se succèdent. Chaque cycle est entrecoupé d'un moment de semi-réveil nommé" latence". Dans cette période intermédiaire, soit l'on se réveille soit l'on repart pour un nouveau train. La fréquence et la longueur des cycles varient d'une personne à une autre et selon les périodes de la vie. Comprendre et connaître le fonctionnement du sommeil en général ainsi qu'identifier et être à l'écoute de ses propres rythmes sont souvent profitables.
1ere phase : L'endormissement ou la porte vers le sommeil
Cette phase permet la détente corporelle favorisant le sommeil. D'abord la somnolence puis l'assoupissement. Le tonus musculaire et le rythme cardiaque diminuent. Cette phase représente environ 5% du temps total de sommeil. Au-delà de 20 minutes, des difficultés d'endormissement peuvent être évoquées.
2ème phase : Le sommeil lent léger
A ce stade, on repère l'apparition d'ondes lentes au niveau du cerveau. C'est le début de la récupération de l'organisme. Peu à peu, la respiration se régularise, les mouvements oculaires et le tonus musculaire diminuent. La personne est encore très sensible à son environnement extérieur (bruit, lumière...) et peut être facilement réveillée. Cette phase représente 20% du temps total. En vieillissant, ce temps augmente au détriment du sommeil lent profond et du sommeil paradoxal.
Lorsque l'on a une dette de sommeil, il est recommandé de faire une micro sieste quotidienne de 20 minutes maximum. Il s'agit alors de rester dans un sommeil léger réparateur sans pour autant commencer un cycle de sommeil complet qui risquerait d'avoir des conséquences sur l'endormissement du soir.
3ème phase : Le sommeil lent profond
Cette phase commence par un moment de transition entre le sommeil léger et le sommeil profond. Déjà le dormeur est plus difficile à réveiller. Le fonctionnement des activités vitales ralentit. Les rythmes cardiaque et respiratoire diminuent, les mouvements oculaires et l'activité musculaire disparaissent, la température corporelle baisse. Au niveau cérébral, on observe des ondes électriques très lentes.
C'est au cours de cette phase qu'est produite l'hormone de croissance qui permet aux enfants de grandir. C'est aussi à ce moment que les défenses immunitaires sont renforcées et que les informations s'ancrent dans la mémoire. Le sommeil lent profond représente 40% du temps total de sommeil. C'est au cours de cette phase que peuvent survenir les terreurs nocturnes ou le somnambulisme, notamment chez l'enfant qui n'en gardera aucun souvenir contrairement aux cauchemars.
4ème phase : Le sommeil paradoxal
C'est le moment privilégié des rêves et des cauchemars notamment ceux qui sont les plus élaborés. L'appellation paradoxal vient du paradoxe entre des caractéristiques du sommeil profond (faible tonus musculaire) et des signes d'éveil (ondes cérébrales et mouvement oculaires rapides). Cette phase permet notamment la maturation du système nerveux. Dans les premiers cycles de la nuit, la phase est moins longue et augmente progressivement pour représenter 20% du temps total de sommeil.
Les besoins de sommeil aux différents âges :
Les besoins en sommeil varient selon les âges de la vie mais aussi d'un individu à un autre.
Les troubles chroniques du sommeil :
Les troubles chroniques du sommeil, c'est-à-dire ceux qui se répètent et se prolongent dans le temps, ont des effets néfastes sur notre bien être physique et psychologique. La fatigue a des conséquences sur nos capacités d'attention, de mémorisation, de concentration. Être fatigué de manière durable et cumuler une dette de sommeil ont des incidences sur notre humeur, nos pensées ainsi que sur nos comportements. Enfin, les troubles chroniques du sommeil ont des répercutions sur le fonctionnement de nos défenses immunitaires et de notre métabolisme.
Les causes des troubles du sommeil :
Les causes des troubles du sommeil sont diverses et variées. L'origine peut être physiologique ( activité trop intense le soir, alimentation trop riche, prise de médicaments ou d'excitant...).
Des incidences environnementales peuvent aussi agir (bruit, lumière, chaleur, horaires décalés...). Un contexte de maladie peut aussi engendrer des troubles du sommeil (douleur, fièvre, apnées du sommeil...).
Enfin, des causes psychologiques; tels que le stress, l'anxiété, des affects dépressifs, des émotions trop intenses peuvent en être l'origine. Quand l'insomnie devient chronique, on évoque un cercle vicieux. La crainte de mal dormir ("Je ne dormirai jamais et si je ne dors pas, demain je ne serai pas efficace."), les pensées et les comportements qui y sont associées (temps excessif au lit, sieste trop longue, activités inappropriées...) engendrent à leur tour de l'anxiété et du stress qui alimentent la boucle infernale de l'insomnie...
Il faut parfois bien y réfléchir pour identifier les causes des troubles chroniques du sommeil et savoir les traiter de manière adéquate. L'aide d'un professionnel peut s'avérer nécessaire.
Rêver
"Les rêves sont la littérature du sommeil. Même les plus étranges composent avec des souvenirs. Le meilleur d'un rêve s'évapore le matin. Il reste le sentiment d'un volume, le fantôme d'une péripétie, le souvenir d'un souvenir, l'ombre d'une ombre."
Jean Cocteau
Définition du rêve :
Les rêve se produit pendant que nous dormons et plus particulièrement dans la phase du sommeil paradoxal où nous sommes comme coupés du monde extérieur et où le moi a baissé sa garde. Le rêve est une production psychique faite d'images, de représentations, de sensations, d'émotions. Il correspond à un état conscient mais labile car le cerveau est déconnecté des stimulations externes. Au réveil, le dormeur ne se souvient pas toujours d'avoir rêvé, ne peut en garder que quelques bribes fantaisistes ou bien s'en souvenir au réveil pour l'oublier un peu plus tard.
De tous temps et dans toutes les sociétés, les hommes se sont interrogés sur ce phénomène étrange et déployé des croyances diverses (origine divine dans la mythologie et dans certaines religions; séparation du corps et de l'âme au moment du rêve dans le chamanisme...).
Au début du vingtième siècle, la théorie des rêves de Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, marque un tournant révolutionnaire dans la manière de les appréhender.
"Chaque rêve qui réussit est un accomplissement du désir de dormir"
Sigmund Freud,
in L'interprétation des rêves, 1900.
L'interprétation des rêves
Freud s'intéressait à ses propres rêves depuis de nombreuses années puis il a porté intérêt à ceux de ses patients. C'est en 1900, après presque quatre années d'écriture, que paraît son ouvrage intitulé "L'interprétation des rêves". Freud y présente sa théorisation du rêve comme production psychique signifiante, qu'il considèrera comme sa plus précieuse découverte. Après sa première parution, l'ouvrage sera remanié et complété à plusieurs reprises par son auteur.
Le rêve voie royale menant à la connaissance de l'inconscient
Selon la théorisation freudienne, le rêve se présente comme une mythologie dont les acteurs sont le moi, l'enfant et les désirs réprimés.
Le rêve est" l'accomplissement déguisé d'un souhait". Autrement dit, grâce au rêve, le dormeur satisfait ses désirs les plus secrets dont il n'a pas forcément conscience car refoulés dans son inconscient. Le rêve se lirait donc comme un rébus à déchiffrer pour accéder aux sens cachés. Pour ce faire, Freud met en avant la technique de la libre association sur laquelle est basée la psychanalyse. Le patient est invité à dire tout ce qui lui vient sans faire de tri.
Chaque rêve est unique et particulier dans la mesure où il fait référence à des associations et un symbolisme propres à chaque individu. C'est pourquoi, seule la personne qui a rêvé détient le sens profond de son rêve. Dans la cure psychanalytique, l'analyse et l'interprétation des rêves permet donc d'y voir plus clair avec son propre désir. Cette compréhension de soi-même dénoue certain conflits psychiques et favorise un positionnement plus harmonieux.
Contenu manifeste et contenu latent des rêves :
Chaque rêve a un contenu manifeste et un contenu latent. Le manifeste qui ne serait que la façade peut être totalement absurde ou bien insignifiant. Il permet à l'inconscient de s'exprimer en évitant la censure du moi. Lorsque l'on évoque ses rêves, il s'agit souvent de ce contenu manifeste appauvri. La démarche psychanalytique s'attache à déchiffrer les aspects voilés, cachés car inconscients qui forment le contenu latent.
"Vous voulez être responsables de toutes choses, excepté de vos rêves ! Quel manque de courage logique ! Rien ne vous appartient plus en propre que vos rêves, rien n'est davantage votre œuvre !
Sujet, forme, durée, acteur, spectateur- dans ces comédies vous êtes tout vous- mêmes ! Et c'est là justement que vous avez peur et que vous avez honte de vous-mêmes."
Friedrich Nietzsche, In Aurore, 1881.
Johann Heinrich Füssli, Le cauchemar, 1781.
Le travail du rêve :
Comment opère le rêve pour passer du contenu latent au contenu manifeste ?
Au préalable, il est important de souligner que le rêve est soumis à des lois précises et un langage qui lui est propre.
Tout rêve se construit à partir de restes diurnes c'est-à-dire des expériences vécues de la journée de la veille et de souvenirs plus ou moins lointains qui vont réactiver des désirs infantiles inconscients. A partir de là, Freud décrit divers processus psychiques à l’œuvre dans la construction du rêve.
Ainsi, la figurabilité permet de convertir une idée en image et de traduire les désirs inconscients de manière visuelle notamment par le symbolisme. Le déplacement est le mécanisme qui vient brouiller le rêve et travestir le désir inconscient. Pour ce faire un affect, initialement associé à une représentation, se déplace pour s'associer à une représentation moins gênante pour le moi. La pratique de la libre association en psychanalyse permettra de remonter les chaînes associatives pour accéder aux représentations refoulées et à leurs significations.
La condensation est un autre processus psychique inhérent au travail du rêve. Plusieurs représentations vont être regroupées, condensées, pour n'en faire qu'une. Un élément du rêve peut donc renvoyer à plusieurs représentations d'où la nécessité d'analyser minutieusement le rêve.
Enfin, la figuration permet au rêveur de romancer son rêve pour le transformer en un contenu manifeste plus acceptable pour le Moi et qui pourra ainsi le conserver au réveil.