Philosophie des jeux vidéo
Du réel au virtuel et s'il n'y avait qu'un pas...
Olivier Nannipieri, maître de conférences au laboratoire de recherche i3M-Toulon
"Peut-on tomber du sommet d'une colonne virtuelle ? La question peut paraître étrange. Or, immergé dans un environnement virtuel, un individu peut éprouver la sensation paradoxale d'être dans un lieu dans lequel il n'est pas réellement. Brouillant la frontière entre le réel et l'illusion, la réalité virtuelle permet d'expérimenter un type de présence au monde qui ne peut se réduire à une simple illusion mais qui, en même temps, ne peut être réelle. Ainsi, loin d'être seulement une prouesse technologique, la réalité virtuelle n'exige-t-elle pas de repenser notre rapport au monde, qu'il soit réel ou virtuel?"
in Du réel au virtuel. Les paradoxes de la présence
Les jeux vidéos donnent parfois le sentiment de vouloir mettre la réalité entre parenthèses et de nous faire entrer dans un autre monde. Or, cette "réalité virtuelle", nous fait-elle réellement
accéder à une autre réalité ou bien dérive-t-elle d'une croyance, volontaire ou non, de la part du joueur ? Si l'on croit Olivier Nannipieri, la réponse pourrait bien se trouver entre les deux.
Nous retrouvons là le philosophe Gilles Deleuze lorsqu'il précise que le virtuel ne s'oppose pas au réel mais à l'actuel (ce qui existe dans le concret), alors
que le réel s'oppose quant à lui au possible. Le possible est déjà défini, déterminé, c'est un réel latent auquel il ne manque que l'actualisation.
L'émission radio Les Chemins de la philosophie par Adèle Van Reeth consacre quatre volets à la philosophie des jeux vidéo.
Les thérapies en réalité virtuelle
Des sujets à méditer à l'heure où les thérapies en réalité virtuelle se proposent de soigner les phobies (peur de l'avion, des araignées, vertige...) en ayant recours à des casques de réalité virtuelle qui exposent et immergent progressivement le patient dans des situations qui l'angoissent . Le but est qu'il ait l'illusion d'y être présent.
Cela représente une alternative à l'exposition imaginaire ou en situation (in
vivo).
Cette approche, se référant aux modèles des thérapies cognitives et comportementales, doit permettre au sujet de comprendre les mécanismes de son anxiété pour pouvoir la maîtriser.Lorsque cela fonctionne, le patient est désensibilisé.
Pour les psychanalystes, reste la question de l'origine et de la signification de la peur qui peut, dans le cadre d'un syndrome
anxieux, réapparaitre ou se déplacer si elle n'est pas suffisamment travaillée. Les comportementalistes refusent cet argument et pensent que si le symptôme se déplace c'est que la
thérapie comportementale n'a pas suffisamment multiplier les contextes d'apprentissage et qu'il faut maximaliser le champ d'application.