Le test du Rorschach
"Qu'est-ce que cela pourrait être ?"
Aux origines du Rorschach :
Le célèbre test de personnalité de type projectif, élaboré par le suisse Hermann Rorschach en 1917, vient de fêter ses 100 ans.
Rorschach, médecin psychiatre et artiste à ses heures suivait de près le développement de la psychanalyse. Il cherchait à comprendre les capacités créatrices de l'individu et la manière dont elles s'inscrivent dans la dynamique de la personnalité. Il a été pionnier dans l'utilisation de stimuli visuels pour l'étude de la personnalité tout en insistant sur le fait que son test ne permettait pas d'en saisir l'ensemble.
L'idée dominante est donc de présenter un matériel particulier, suffisamment flou et ambigu, pour cela résonne de manière singulière avec des aspects de la réalité psychique du sujet évalué. Dans son livre "Psychodiagnostic", Rorschach appelait son test "test d'interprétation libre de formes fortuites". Par la suite, ses successeurs ont donné son nom au test.
Mode d'emploi du Rorschach :
Le premier temps de la passation du Rorschach
Une série de dix planches compose le test du Rorschach. Des tâches d'encre étranges dont les formes symétriques sont pour le plupart monochromatiques (gris-noir) même si quelques planches sont colorées (noir-blanc-rouge et d'autres pastel). Ces variations de tons peuvent mobiliser une réactivité affective différenciée au stimulus sensoriel. Le test peut être utilisé pour participer à l'élaboration d'un diagnostic mais il peut jouer aussi le rôle d'un médiateur dans les premiers temps d'une relation thérapeutique.
Après avoir fait connaissance lors d'un entretien clinique, dans une ambiance calme où la neutralité bienveillante est de mise, le clinicien invite le sujet testé à la libre association.
"Qu'est-ce que cela pourrait être ? ", telle est la question posée, de manière invariable, à chacune des planches. Les planches sont présentées à l'endroit, une à une et dans un ordre préétabli. Le temps de réponse est chronométré mais aucune limite n'est imposée. Tout ce qui est dit est noté au mot à mot, au silence près afin de relever la façon dont la réponse est construite.
L'épreuve dite des limites :
Dans un second temps, de manières plus directive, le clinicien procède à l'enquête dite des limites afin de recueillir les précisions nécessaires à l'analyse, voire des réponses supplémentaires souvent évitées dans le premier temps de la passation.
L'épreuve des choix :
Enfin, le clinicien demande au sujet évalué de choisir, parmi l'ensemble des 10 planches, deux planches qui lui plaisent le plus et deux autres qui lui déplaisent le plus. Ce moment est parfois l'occasion de recueillir des précisions sur les réponses données dans les temps précédents ainsi que sur le vécu du sujet face au matériel.
La cotation et l'analyse des réponses :
La passation terminée et en l'absence du sujet, le clinicien procède à l'analyse quantitative et qualitative du protocole c'est-à-dire de l'ensemble des réponses données. Pour ce faire, il utilise une feuille de dépouillement qui lui servira de trame.
La restitution au sujet :
Le compte-rendu rédigé, le clinicien peut convier le sujet évalué à une restitution où il lui fera part de son analyse, toujours de manière empathique et bienveillante, dans un visée constructive qui ouvre sur des pistes de travail thérapeutique.
Parfois, en accord avec le sujet testé, une restitution est faite à des professionnels engagés dans un travail éducatif ou de soin avec lui. Cette restitution tend à les éclairer sur son fonctionnement psychique pour mieux ajuster les prises en charge.
L'analyse et l'interprétation du test
Le test du Rorschach est un outil d'évaluation psychologique de type projectif. Il sollicite la sensorialité, l'inconscient et les capacités projectives à travers l'interprétation libre des planches. Il n'y a pas de bonne ni de mauvaise réponse même si certaines réponses sont des indices de l'adaptation de la personne à la réalité objective et de son adhésion à la pensée commune. Les réponses données donneraient des indications sur le fonctionnement psychique et la dynamique de la personnalité (mécanismes de défense privilégiés, thèmes récurrents, types de relations aux objets...).
Le Rorschach, associé au test du T.A.T, permet d'investiguer de manière approfondie et holistique le fonctionnement psychique d'un sujet avec ses problématiques principales. Il ne s'agit donc pas de chercher des traces d'un vécu dans la réalité extérieure ni de sonder les profondeurs de l'inconscient mais plutôt de dégager des indices de compréhension sur la manière toujours singulière de fonctionner d'un sujet donné à un moment donné, celui de la passation.
Critiques
En dépit de son utilisation très répandue dans le cadre d'évaluation diagnostique, le test de Rorschach, tout comme celui du T.A.T, fait l'objet de nombreuses controverses qui portent notamment sur le fait que les recherches psychométriques échouent à démontrer la validité scientifique du test. En effet, dès les années 1940, certains praticiens ont reproché le manque de rigueur scientifique, qui n'apporte aucune mesure statistique mais repose sur des critères qualitatifs.
Lectures sur le Rorschach :
Ce manuel de Catherine Chabert, psychologue-psychanalyste, est un guide de référence pour les praticiens et tous ceux qui s'intéressent au test du Rorschach. A travers un va et vient entre des illustrations cliniques et des reformulations psychanalytiques des notions projectives, l'ouvrage explore tout aussi bien la passation que l'analyse et l'interprétation du protocole recueilli.
Poursuivant l'analyse initiée dans Le Rorschach en clinique adulte, l'auteur définit les axes fondamentaux qui orientent les grandes entités psychopathologiques : névrose, pathologie narcissique, psychose. Ce livre important ouvre une perspective originale, étayée sur une solide argumentation théorique et sur de précieuses illustrations cliniques.